Team-Azerty

Deus Ex : Mankind Divided


La saga Deus Ex est de loin ma préférée, elle vous plonge dans un univers un futur dystopique et cyberpunk au travers un scénario très travaillé. Doté d'une grande liberté de mouvement, vous incarnez un personnage "augmenté" qui se trouve au centre d'une conspiration mondiale, et chacun de vos choix a une incidence. Ainsi, chaque Deus Ex permet plusieurs fins alternatives selon les choix que vous avez faits au cours du jeu (le plus souvent à la fin). Le style du jeu quand à lui est un savant mélange entre FPS, de jeu de rôle et de jeu d'infiltration. Ainsi vous pouvez faire évoluer les capacités de votre personnage, et vous gérez son inventaire, tout en parcourant le monde en vue à la première personne et en combattant de manière discrète ou classique. C'est ce savant mélange de genre, mais aussi la profondeur du scénario qui ont donné les lettres de noblesse à cette saga.

D'un point de vue chronologique, les différents Deus Ex se déroulent ainsi :

  • Deus Ex : Human Révolution sorti en 2011 met en scène Adam Jesen. Son histoire se déroule en l'an 2027
  • Deus Ex : Mankind Divided sorti en 2016 met en scène Adam Jesen. Son histoire se déroule en l'an 2029
  • Deus Ex sortit en 2000 met en scène JC Denton. Son histoire se déroule en 2052.
  • Deus Ex: Invisible War sorti en 2004 met en scène Alex D. Son histoire se déroule en l'an 2072.

Page 1 : Le test

Bienvenue dans un monde divisé :

Comme expliqué en introduction, Deus Ex : Mankind Divided se déroule 2 ans après Deus Ex : Human Révolution, vous retrouvez Adam Jensen dans un monde encore traumatisé par "l'incident" où les augmentés avaient perdu le contrôle de leur corps et causé d'énormes dégâts et des morts. Vous ne comprenez pas de quoi il s'agit ? Pas grave, une vidéo de 15 minutes en début de jeu vous permettra de revoir le scénario de Human Révolution. Vous n'êtes donc pas obligé d'avoir fait le précédent opus pour comprendre les tenants et aboutissants de ce nouvel épisode, néanmoins, il est disponible à 5€, il serait dommage de passer à côté d'un très bon titre.

Bref, dans Mankind Divided, Adam Jensen se retrouve dans un monde divisé où les augmentés vivent comme des parias et sont exclus de la société. Pour autant, Adam lui-même augmenté, fais partie de la Task Force 29, une entité sous contrôle de l'ONU qui est en charge de lutter contre le terrorisme. Il est le seul augmenté autorisé à aller sur le terrain, non sans attirer le mépris de ses collègues.Par ailleurs, Adam mène un double jeu puisqu'il collabore avec le collectif Mastodonte dont le but est de faire tomber le groupe des Illuminatis.

Les Illuminatis, et Bob Page dans l'ombre !

Par rapport aux différentes fins possibles de Human Revolution, il semblerait que l'on ai été vers le scénario ayant comme conséquence le rejet des augmentations mécaniques par l'opinion publique, bien que Square Enix se garde de donner plus de détail qui permettrait de canoniser l'une des quatre fins possibles.

Dans ce monde sous tension, Adam Jensen va enquêter sur un attentat ayant eu lieu à la gare de Prague (dont il a été également la victime) où l'ARC (Coalition pour les Droits des augmentés) fait figure de parfait bouc émissaire. Au travers sa quête de vérité, Adam va parcourir de nombreux lieux : Prague principalement, mais aussi le ghetto transhumain appelé Golem City, Londres, et les Alpes, et il pourra également accomplir (ou non) de nombreuses quêtes secondaires (j'aurai l'occasion d'en reparler plus loin).

Une fois de plus, l'intrigue est particulièrement bien ficelée, on prend rapidement l'envie de comprendre ce qui se cache derrière tout ça. Comme dans les autres épisodes, vous pouvez essayer de comprendre le contexte au travers votre mission et les dialogues avec les autres PNJ, mais aussi via des livres déposés un peu partout, les journaux, etc. Alors oui, ce n'est qu'un jeu vidéo, ce n'est pas un bouquin de philo, mais comme dans tous les jeux de la saga, vous vous prenez à réfléchir sur le transhumanisme, le dépassement de la nature, le dépassement de la condition d'être humain, etc.
Par exemple, lorsque au détour d'une conversation avec un PNJ, ce dernier vous racontera qu'il ne souhaitait pas particulièrement ses augmentations, mais que pour garder son boulot il avait dû en passer par là, vous aurez peut-être des questionnements moraux sur le transhumanisme. Oui, je le répète, ce n'est qu'un jeu vidéo, mais souvenez-vous des débats autour d'Oscar Pistorius en 2008/2009 lorsqu'il s'agissait de le faire courir avec les "valides", le transhumanisme est à la fois si proche et si loin...

Le choix laissé à se faire augmenter

Il sera également particulièrement facile de faire des parallèles entre le sort réservé aux augmentés avec l'apartheid en Afrique du Sud, ou bien la ségrégation raciale aux états unis, ou encore au sort des Juifs sous le régime nazi. Ainsi, vous verrez des ghettos pour augmenter, des wagons séparés entre "naturels" et "augmentés", vous vous ferez régulièrement insulter par les PNJ non augmentés, la police vous contrôlera souvent, vous serez même témoins de violence policière. Cette fracture était déjà visible dans Human Revolution, elle est exacerbée ici.

On sépare bien tout le monde !
Même les w.c. sont discriminés !

Vous pouvez y passer des heures :

De multiples façons de jouer :

Il existe de multiples façons de jouer à Deus Ex :

  • Façon One Man Army : J'ai de l'armement en pagaille qui va du flingue au lance-roquette, j'utilise mes augmentations type nanolames et je tape dans le tas et je pose les questions ensuite.
  • Façon tueur furtif : Je liquide en silence.
  • Façon pacifique gluten free : J'évite tout ce beau monde, au pire que les assomme.
  • Façon distante : J'ai des armes avec lunettes.
  • Façon proximité : J'aime le corps à corps.

Chaque style de jeu étant déclinable. Pour ma part, j'ai tenté la méthode la plus compliquée : ne tuer personne, et ne déclencher aucune alarme, tout en faisant place nette en assommant tous les ennemis en corps à corps. Vous allez me dire pourquoi se casser la tête à ce point ? Pour le défi ! J'aurai pu me contenter d'éviter les ennemis ou les avoir avec un fusil tranquillisant à distant, ça suffit pour avoir le badge "Pacifiste" et "Il est passé par ici".

J'y ai passé du temps !

Quelques détours :

Bref, outre les façons de jouer qui peuvent prolonger la durée de vie de Mankind Divided, l'aspect monde ouvert permet au joueur d'explorer librement la carte, et te tomber sur des missions secondaires. Ces missions sont certes facultatives, mais elles donnent un arc narratif assez intéressant, et surtout, elles permettent de vous donner un paquet d'XP, et quelques armes / améliorations / crédit, etc. qui vous seront fort utiles pour les missions principales.

Parfois réussir une mission implique d'en échouer une autre !

Rejouabilité :

Petite cerise sur le gâteau, une fois la campagne terminée, il vous est possible de recommencer depuis une nouvelle campagne... mais avec l'ensemble de votre inventaire, de vos augmentations, l'ensemble de vos crédits. Cela pourra vous donner l'occasion de profiter de l'intégralité des augmentations disponible et voir si les passages délicats sont plus faciles ainsi, faire les mission secondaire oubliées, ou bien vous pouvez en profiter pour tenter une autre façon de jouer. Bref, j'ai trouvé le concept intéressant.

On recommence, mais en mieux !

DLC et mode Breach :

Autre moyen de rajouter de la durée de vie : les DLC. Sur ce point, je suis assez peu réceptif à ce genre de pratique. La version de Deus Ex que j'ai acheté contenait un chapitre de "l'histoire de jensen" et le mode Breach. Si l'histoire de Jensen n'est qu'une sous mission annexe, le mode Breach lui est vraiment différent. Il s'agit de très courtes parties où vous devez pirater des données dans un monde style Tron. Bien entendu chaque niveau est protégé par différents éléments, tourelles, caméra, et gardien, et souvent le casse doit se faire dans un temps limité. Le concept n'est pas facile à expliquer, mais l'expérience de jeu est assez intéressante et mérite d'être saluée.

Mode Breach

Le gameplay :

Côté gameplay, même si j'ai déjà bien abordé le sujet concernant le scénario et les façon de jouer, une fois de plus Eidos Montréal nous rend une copie très propre. On retrouve parfaitement ses marques par rapport à Human Revolution. L'accès au menu l'inventaire reste le même, nous avons toujours les onglets Inventaire, missions, historique, éléments de quêtes, pièces détachées, etc. On note l'apparition de touches rapides pour facilement accéder aux augmentations ou aux armes.

Les armes sont toujours aussi nombreuses, et peuvent être améliorées par des accessoires comme Human Revolution, mais aussi via les pièces détachées pour booster certaines caractéristiques. La gestion des armes a été améliorée, puisque maintenant, vous pouvez avoir plusieurs types de munitions (et donc passer de l'une à l'autre), tout comme activer ou désactiver un accessoire. Bref, ce Deus Ex suit les normes des FPS du moment.

Menu des armes
Personnalisation des armes

Nouveauté donc, l'apparition des pièces détachées. Elles permettent d'améliorer les armes, j'en ai parlé plus haut, mais elles permettent également de fabrique certains objets : munitions pour les augmentations, décodeurs, biocellues. Bien entendu ces pièces détachées se trouvent au détour des cartes, il faudra fouiller un peu.

Bricolage

Au niveau des items à récolter, nous avons donc les pièces détachées, les armes, les munitions, tout une série d'éléments revendables ou échangeables (alcool, composants, neuroposine, etc.), des éléments de santé, et pour charger votre barre d'énergie dédiée aux augmentations, exit les barres protéinées et place aux biocellules. Rien qui vienne bouleverser ce que l'on a connu, juste quelques ajustements bienvenus.

C'est l'équipement de piratage qui lui a été entièrement revu. Dans Human Revolution, nous n'avions que 2 "vers" stop et atomisation, on retrouve ces 2 notions dans Human Revolution, mais viennent s'ajouter des logiciels d'overclocking, de furtivité, et d'exploration. Ce dernier permettant de lever le brouillard et révéler les nœuds. Pour le reste, ces minijeux de piratage restent assez similaires à ce qu'il y avait dans Human Revolution, on capture des nœuds jusqu'aux ports I/O. Chaque capture de nœud est plus ou moins risquée selon leur niveau et risque de vous faire détecter. En cas de détection, le chronomètre s'enclenche et là il faudra faire vite, soit en fortifiant vos nœuds capturés ou en utilisant les différents logiciels (stop, overclocking, atomisation). Autre petite nouveauté, le piratage à distance des appareils électronique qui vous permettra de désactiver à distance des robots, des moteurs de ventilation, etc., etc.

Le piratage

L'arbre des augmentations a été étoffé avec des améliorations expérimentales. Ces dernières sont assez intéressantes, cela donne notamment des armes supplémentaires certaines létales d'autres non, mais pas que puisque comme évoqué plus haut, il est possible de pirater des objets à distance via ces nouvelles augmentations.

Les augmentations

Un peu de technique :

Les Deus Ex ne sont pas réputés pour être des canons de beauté. Mankind Divided ne fait pas exception. Attention, je ne dis pas que le titre est laid, bien au contraire, mais face à un Battlefield 1, on est un cran en dessous. De même, les expressions faciales manquent de naturelle, et les textures sont parfois moyennes. C'est regrettable d'autant que le jeu est assez exigeant en ressources. En ce qui me concerne, la version Direct X 12 tournait sans problème en 1900x1200 sur ma Radeon R9 290X, mais en version DX 11 c'était un peu juste. Par ailleurs, j'ai noté quelques bugs d'affichage plus ou moins gênants que je mettrais sur le compte d'une version bêta pour Direct X 12.

J'ai eu des passages où c'était tout noir !
L'homme éclaté !
Une tête sans corps !

Côté graphisme, grosse nouveauté pour un Deux Ex, il y a des épisodes de jour ! Les habitués se souviendront que généralement les scènes étaient toujours de nuit, ça change ! Ainsi, vous verrez Prague de jour, de nuit, et sous la pluie.


Ce n’est pas si mal !

Quelques ombres au tableau:

Si j'ai vraiment adoré ce titre, il reste qu'un certain nombre d'éléments qui gâchent l'expérience, et privent Mankind Divided d'un 9/10.

DLC

Je ne reviendrai pas sur le prélancement de Mankind Divided avec le système de pré commande qui ressemblait à s'y méprendre à une campagne Kickstarter, puisqu'il a été heureusement abandonné. Par contre, comme trop de jeux, ce Deus Ex sombre du côté obscur des DLC. Ainsi, vous pouvez acheter équipement, kit d'augmentation, mais aussi, et ça, c'est rageant, contenu additionnel. Ainsi, certains chapitre de l'histoire de Jensen sont accessibles uniquement en passant à la caisse ? !

Il faudra passer à la caisse

ça manque de boss :

Désolé pour le spoil, mais du début du jeu jusqu'à la fin, vous n'aurez à affronter qu'un seul boss augmenté, et uniquement à la toute fin, avec la possibilité de le désactiver sans combattre qui plus est. Alors certes, les niveaux vont en difficulté croissante, mais quand même, sur Human Revolution, on en affrontait 4. Le point positif, c'est que maintenant, il est possible de l'affronter sans le tuer. C'est plus dur... Encore que, personnellement, j'arrivais à neutraliser les Boss de Human revolution avec des armes non létales, et pour Mankind Divided je n'ai pas eu trop de difficultés (c'est le talent en même temps ?).

Oh le vilain !

Trop de Prague tue Prague :

Je suis un peu exigeant, mais j'avoue que faire 3x Prague, c'est un poil barbant. Certes, pour la dernière visite, le contexte rend notre ballade dans la ville bien plus difficile, mais quand même, c'est un poil répétitif ! Dans Human Revolution on avait une légère répétition : 2x Détroit, 2x Hengsha, mais les lieux étaient plus nombreux, mais d'un autre côté, les mondes étaient moins ouverts.

Prague de jour
Prague de nuit
Prague sous la pluie

Temps de chargement :

C'est sans doute la chose qui m'a fait le plus pester : le partage de Prague en 2 zones pour lesquelles le voyage de l'une à l'autre se traduit par un long moment de chargement. Alors certes, nous avons une petite cinématique de Jensen patientant dans le métro, mais au bout de quelques minutes, ça fatigue un peu. Et c'est d'autant plus pénible que certaines missions ne sont qu'une succession d'aller-retour entre zone nord et zone sud ! Généralement, j'essayais d'optimiser mes visites avec les missions secondaires, mais parfois, je n'ai pas eu le choix, j'ai dû faire un aller-retour juste pour aller parler à une personne, ou pour aller récupérer un objet. C'est rageant !

Prague coupé en 2, il faut prendre le métro
Du coup, le temps d'attente est long !

Une fin qui laisse sur sa faim

Sans dévoiler l'intrigue, ne vous attendez pas à avoir des cinématiques aussi différentes que dans les précédents jeux. Là seules quelques lignes de dialogues dans la cinématique finale changent d'une fin à l'autre. Une grosse déception tant cela est une marque de fabrique habituelle des Deus Ex.

Heureusement, le générique est grotesque !

Très bon
8
Mankind Divided est un bon jeu, son gameplay, très riche, reste fidèle à la série et vous donnera de nombreuses heures de jeu. De même, l'intrique et l'ambiance est toujours aussi soignée. Néanmoins, quelques détails viennent gâcher l'expérience, notamment une fin qui pêche dans sa réalisation. C'est dommage, ça lui coute son 9/10.

Points faibles :

  • La fin
  • ça manque de boss
  • Carte de Prague coupée en 2

Points forts :

  • L'intrigue
  • L'atmosphère
  • Gameplay riche
  • Monde ouvert
  • Durée de vie
  • Mode Breach